samedi 18 mars 2017

Montanou : des caméras de surveillance qui ne serviront à rien (là comme ailleurs)


On peut installer une caméra tous les deux mètres, cela n’empêchera jamais les “incivilités”, les crimes, les meurtres, les assassinats. Les caméras permettent simplement de retrouver plus facilement et plus rapidement les auteurs des délits. Ce qui n’est pas rien mais n’est pas une solution à la misère et à la délinquance généralisées (attention : misère ne signifie pas nécessairement déliquence).

Ce n’est pas un hasard si l’Angleterre (la Grande-Bretagne, le Royaume-Uni) aura été pionnière en la matière. Dans 1984, et avant cela dans plusieurs essais et romans, George Orwell avait repéré – dans un pays où, paradoxe, la possession d’une carte d’identité n’est en rien obligatoire – une tendance profonde au flicage et à l’acceptation de ce flicage par la majorité.

Mais il n’y a pas que l’Angleterre en ce monde. Il y a aussi Montanou, un quartier d’Agen comme toutes les villes de France en comptent désormais, chaud, difficile. La Dépêche du Midi en donne ici un apercu, du point de vue de la mairie, dirais-je :

Ici un autre article d’une publication libertaire.

Tout récemment (le 15 mars 2017), cette même Dépêche est revenue sur l’installation de nouvelles caméras de vidéosurveillance à Montanou, admettant d’emblée qu’elles ne « règleraient pas tous les problèmes ». Je dirais même plus : elles n’en règleront aucun. Ces caméras font suite à l’installation de 24 depuis 2009 et de huit autres prévues depuis février dernier pour un coût de 210 000 euros. Sans parler d’une caméra nomade, fierté de la municipalité, j’imagine.

Il n'a pas échappé à l’ami agenais qui m’a alerté sur ces problèmes de surveillance au pays du pruneau que « deux caméras se surveillent mutuellement, de crainte que l'une des deux soit attaquée (deux caméras ont été dézinguées par des tirs d'arme à feu la semaine dernière) : ceux que ces caméras dérangent vont donc devoir tirer sur les deux à la fois, ce qui est dans leurs cordes. Il faudra donc une troisième caméra pour surveiller les deux premières et ainsi de suite. Orwell n'avait pas prévu ça, je crois, je veux dire le coup de la caméra qui surveille une autre caméra. Mise en abyme remarquable. »

Larges extraits de l’article de La Dépêche :

Sécurité - Conseil municipal à Agen


Les agents de la police municipale surveilleront les images de 50 caméras./Photo Jean-Michel Mazet 
Huit caméras supplémentaires vont être installées à Agen, quatre en cœur de ville, suivant les aménagements du boulevard de la République et quatre autres à Montanou, rue Blaise-de-Monluc. Et sur ce point, droite comme gauche sont d'accord, à un près.

Seul Jean-Philippe Maillos, Front de gauche, a voté contre. Tous les autres membres de l'opposition sont tombés d'accord sur le fait d'installer des caméras de vidéo protection dans le quartier de Montanou pour « répondre aux problèmes de sécurité et de dégradations constatés ces derniers mois ».

Quarante-deux caméras sont déjà réparties sur toute la ville.

On sait que les questions dites de « surveillance » ou de « protection » n'obtiennent pas vraiment l'approbation des élus de gauche. Ils ont toujours émis des réserves, défendant la liberté d'agir et pour la personne, de ne pas être observée à longueur de journée.

Mais pas en ce qui concerne le quartier de Montanou. Les dégradations et incivilités se succèdent. Juste après le conseil de lundi soir, deux véhicules y étaient incendiés dont un appartenant à la Régie de quartier.

Politique de peuplement

[La conseillère générale socialiste du canton d’Agen nord-ouest] Catherine Pitous rappelait : « Durant quelques jours, les choses ont été difficiles à vivre pour les assistantes sociales de Montanou qui ont fait valoir leur droit de retrait, en quittant le centre médico-social. Aujourd'hui, il y a un vrai problème. Même après la dernière réhabilitation qui a coûté cher. Les logements sont bien dans ce quartier, il y a de la verdure, il est agréable. Et malgré tout, il y a de gros soucis, des dégradations, des petits et des gros trafics, tout le monde le sait. Il faut être vigilants, et surtout ne pas laisser tomber le quartier. Il y a trop peu d'associations présentes. Et il faut qu'Agen Habitat réfléchisse à sa politique de peuplement, cependant, je sais combien c'est difficile. »

En réponse, le maire [UDI] Jean Dionis laissait entendre son intention d'investir à moyen terme sur le quartier et pourquoi pas, d'en réduire le nombre d'habitants.

Une « école d'excellence » (près de dix millions d'euros) va remplacer l'actuelle Paul-Langevin.

Quant aux critères d'attribution des logements, « il ne faut pas croire qu'il y ait une volonté d'y placer une population plus qu'une autre. Ce qui est arrivé, c'est que les gens en sont partis de manière silencieuse », précisait le maire et son adjoint Mohamed Fellah d'ajouter : « Les familles qui réussissent ont tendance à partir pour accéder à la propriété notamment ».

Montanou enregistre 48 % de chômage et le revenu moyen par foyer est de 500 €.

Pour l'heure, quatre caméras vont donc être installées à Montanou. Deux caméras mobiles (qui effectuent des rotations sur elles-mêmes) sur la tour 6, une caméra mobile et une fixe, à l'école Paul-Langevin actuelle.

Une de ces deux sera braquée sur l'autre, de manière à prévenir toute détérioration volontaire du système de surveillance.

Le caractère sécurisé de ces caméras fait que l'investissement pour Montanou est beaucoup plus élevé que celui pour les quatre caméras en ville, à savoir 52 000 € pour Montanou contre 19 000 pour le centre-ville.

C.D.V.
Montanou : des caméras de surveillance qui ne serviront à rien (là comme ailleurs)

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